DOCTEUR CAGOUILLE ou la médecine populaire et la Cagouille

LA MEDECINE POPULAIRE en CHARENTES ET LA CAGOUILLE

« Docteur CAGOUILLE »

"manger des cagouilles régulièrement permet d'atteindre cent ans gaillardement"

- proverbe charentais -

Textes empruntés au magazine XAINTONGE N° 2 « l’escargot Petit Gris des Charentes »

Pendant des siècles, les charentais se sont soignés avec des Cagouilles.

Remèdes de bonne femme relayés par les officines, mais aussi par le corps médical

Qui se souvient encore avoir prescrit du sirop de… cagouilles.

Il ya quelques années, Pierre LAVALLEE, médecin et Président de la Société d’Archéologie de Saint Jean d’Angély témoignait :

Il fut surpris de découvrir suspendu au cou des bébés (qui font la cagouille) dès le plus jeune âge, des petits tubes en verre ou des sachets de tissus, portés tels des talismans.

« au moins jusqu’à leur deux ans, se souvient-il, « et jour et nuit ».

A la question, qu’est-ce que c’est ? il s’entendait répondre ;

« o’l’é pour protéger des convulsions. O’l’é des dents de cagouilles ».

Ainsi, apprit-il, comme tout à chacun, que non seulement, les cagouilles avaient des dents,

Mais aussi que le dit remède était vendu officiellement dans les pharmacies locales !

Ruban rose pour les filles, ruban bleu pour les garçons.

« et, c’est cher, en plus » ajoute-t-il. Il n’était pas au bout de ses surprises.

Très vite, il constata que dans certaines fermes, les gens du pays avaient une drôle

De méthode pour soigner les rhumes et calmer les toux rebelles.

«les mères pilaient des cagouilles crues et les écrabouillaient avec de l’eau et du sucre. »

Ce sirop était pour le moins gluant et visqueux.

Après, on bouchait le nez des drôles qui hurlaient et on le leur faisait ingurgiter.

C’était efficace, poursuit-il.

Plus rien dorénavant ne pouvait étonner notre docteur

Quand il vit arriver sur le marché un sirop d’Hélicidine, sous la marque d’un laboratoire,

En fait de l’extrait de cagouille, destiné à fluidifier

Les sécrétions des bronches et à apaiser notamment, les toux de la coqueluche.

Mais les vertus de la Cagouille ne s’arrêtent pas là.

« ébouillez deux ou trois cagouilles avec leur coquille, pour en faire une pâte

Et appliquez-la sur un panari, la cagouille extirpe le mal.

 

Pour  les oreillons, mettez chaque soir,

dans les oreilles quelques gouttes d’huile de noix chaude

et introduisez au plus profond possible une cagouille décoquillée dans chaque oreille,

enveloppez chaudement la tête et traitez ainsi 4 à 5 jours.

Des remèdes à ridiculiser les antibiotiques.

 

Pour les femmes enceintes, manger des cagouilles accélère l’accouchement.

Appliquées sur le ventre avec du safran, les cagouilles favorisent la conception.

Mélangées avec de l’amidon, elles apaisent les règles douloureuses.

Pour un saignement de nez, appliquer une cagouille dans la narine.

Une brûlure ?  faire une pâte de cagouilles mélangée avec de l’huile et de l’ail.

Goutte, Œdème peuvent aussi être soignés de la sorte.

Une hernie naissante ? faire des compresses avec du sang de cagouilles, deux cents suffisent –traitement deux à trois mois –

Des maux de tête ? mettre sous les pieds des compresses de Cagouilles.

 

Les problèmes de peau, les furoncles et verrues peuvent être traitées en faisant courir sur la peau une cagouille vivante pendant quelques minutes et pendant neuf jours, la cagouille devant être renouvelée à chaque séance.

 

Pour conserver une peau lisse et brillante, les femmes ne doivent pas hésiter à se frictionner la peau avec des cagouilles, son mucus est bénéfique contre l’acné et les taches de rousseur indésirables.

 

Enfin, côté transit, avaler quelques Cagouilles crues combat tout problème de constipation tenace.

 

Les Charentais ont très longtemps appliqué à la lettre les recommandations du romain PLINE (1er siècle après J.C), auteur d’une histoire naturelle en 37 volumes, qui a écrit : « un des meilleurs remèdes de l’estomac est de manger des Cagouilles. Il faut leur faire jeter un bouillon en les laissant intacts, puis les faire griller sur des charbons sans rien y ajouter, ensuite, les prendre avec du vin.

 PLINE, à d’ailleurs a fixé les principes médicaux de la Cagouille :

Crue, c’est un excellent cicatrisant.

Cuite, elle ôte l’inflammation des tissus.

Longtemps, le recours à la Cagouille pour soulager les misères humaines a été basé sur  les propriétés de son mucus, de son calcaire et de son sang contenant, dit-on, trois fois plus de calcium que celui de l’homme : chacun sait qu’une Cagouille répare facilement les cassures de sa coquille.

 

Jusqu’en 1817, on trouvait des officines pharmaceutiques et herboristeries qui arboraient comme enseigne des Cagouilles enfilées sous forme de chapelets.

Et il n’y a guère qu’une trentaine d’années que le sirop de Cagouilles a disparu des prescriptions.

Aujourd’hui, toutes les recettes et potions de famille pour se soigner grâce au « DOCTEUR CAGOUILLE » sombrent chaque jour davantage dans l’oubli. Celles des laboratoires aussi.

 

 

Les CAGOUILLES ne devraient pas, pour autant, avoir totalement perdu les vertus médicinales qu’on leur a attribuées pendant des siècles.